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C’est l’été, le soleil brille, il fait 23°C à l’ombre et toi, tu es en route pour les vacances ! Au bout de quelques heures de voiture ton siège est devenu moite. Ton jean préféré s’avère moins confortable que prévu, froissé, avec des plis qui commencent à faire mal sous tes jambes. Tu es bien content de pouvoir faire une pause à une station d’essence - quitte à payer le triple pour une boisson fraîche.
A quoi donc est dû cet inconfort thermique ? La cause est un manque de ventilation entre la surface de ta peau et le siège de ta voiture. La circulation d’air permet de dissiper ta chaleur corporelle (grâce à un transfert thermique par convection et évaporation). A défaut de ventilation la sueur s’évapore moins bien et s’accumule, créant localement un milieu avec une température et un taux d’humidité d’air élevés. Là où la peau est mieux ventilée la régulation thermique est plus efficace. Même si la température ambiante est pareille partout, les parties exposées (tels que les bras) restent plus fraîches que celles en contact avec le siège.
L’élévation de la température et l’augmentation du taux d’humidité sont souvent étroitement liées et se produisent simultanément lorsque la sueur ne peut s’évaporer. Dans l’énumération des facteurs de risque d’ulcères de pression (décubitus) on emploie souvent le terme « microclimat » (1) pour designer l’ensemble de ces deux phénomènes.
Le terme « microclimat » a été inventé dans les années 1950 et désigne généralement des conditions climatiques limitées à une zone (géographique, météorologique) très restreinte. Récemment on a commencé à employer le même terme dans le contexte de la réadaptation pour désigner un milieu particulier très localisé, entre la peau et le système d’assise, avec une température et taux d’humidité bien spécifiques.
Personnes à risque
Les utilisateurs de fauteuils roulants sont souvent assis pendant de longues heures chaque jour. Leurs cliniciens doivent donc être conscients des effets négatifs potentiels qu’un microclimat défavorable entre la peau et le système d’assise peut provoquer.
Des problèmes de santé sous-jacents constituent des facteurs de risques physiologiques supplémentaires lorsque ces problèmes ont le potentiel d’affecter la régulation du microclimat. Un exemple est l’exposition de la peau à une humidité excessive chez les personnes avec une incontinence urinaire. Chez les patients avec une lésion de la moelle épinière avec un niveau de lésion supérieur à T6 les dommages aux voies nerveuses afférentes et efférentes de l'hypothalamus provoquent un dérèglement de la thermorégulation (2).
Les problèmes de manque de ventilation de la peau sont généralement plus fréquents chez les personnes avec un besoin accru de soutien et de positionnement et chez les personnes qui n’ont pas la capacité de changer leur position assise de façon autonome. Lors des séances d’essai, il est donc important de prendre en compte l’aspect du microclimat, notamment pour les systèmes d’assise (modulaires, personnalisés ou à bascule) qui enveloppent les contours du de corps pour un maximum de soutien. Il est important d’avoir toujours une communication honnête avec le patient sur les compromis et les facteurs de risques microclimatiques inhérents à un système d’assise offrant plus de soutien.
Pression et augmentation de la température cutanée
Les utilisateurs de fauteuils roulants sont à risque de développer des lésions tissulaires en raison d’un manque de mobilité et de troubles de la sensation (hypoesthésie). Nous savons depuis des décennies que ces dommages sont causés par des forces de compression et de cisaillement. Cependant, les recherches en cours montrent que l’humidité et l’élévation de la température à la surface cutanée entrent également en jeu. Par conséquent réguler le microclimat cutané est important aussi du point de vue de la protection la peau.
Une étude suédoise suggère qu'il existe un lien entre la position assise et une augmentation de la température cutanée (3). Les résultats ont montré une augmentation moyenne de la température de 2,7°C entre les côtés chargé et non chargé du corps. On suppose que cette élévation n'est pas causée par l'effet isolant de l’assise, mais par la capacité réduite du tissu comprimé à dissiper la chaleur corporelle centrale.
Une autre étude prouve que la peau et les tissus sous-jacents ont un besoin métabolique accru lorsque leur température monte (4). Suite à cette accélération du rythme métabolique, les tissus nécessitent plus de sang et seront d’autant plus vulnérables à des perturbations de la circulation sanguine liées à leur compression.
Séance d’essai et microclimat
Intégrer une évaluation du microclimat dans l’essai d’un fauteuil roulant et système d’assise peut être tout un challenge. Certaines méthodes d’essai utilisées dans les études de recherche ne sont pas vraiment pratiques pour les essais avec des patients. Prenez l’exemple de l’emploi de capteurs pour mesurer la température cutanée au niveau des cuisses ou fesses. Cependant, il existe également des méthodes moins techniques qui vous donneront une bonne idée du risque microclimatique d'un patient :
- La palpation des zones qui entrent fréquemment en contact avec le coussin d'assise, le dossier, les appuis latéraux, le harnais de positionnement ou autres éléments lors d’un transfert.
- L'observation des signes d'accumulation de chaleur et d'humidité, une évaluation interactive avec le patient assis dans un fauteuil roulant et, si possible, une inspection visuelle de la peau.
Stratégies préventives
Les recherches en matière de microclimat se poursuivent. Bon nombre des études menées à ce jour ont été effectuées à une échelle relativement petite. Les recommandations actuelles, basées sur des études de terrain, sont de prendre des mesures pour assurer des « périodes de récupération ». Des circonstances favorables à la récupération sont : une température et un taux d’humidité moins élevés et / ou un rétablissement du flux sanguin local pour réduire les effets ischémiques de l’écrasement des petits vaisseaux sanguins (5).
Les méthodes recommandées pour réguler le microclimat cutané coïncident donc avec une approche plus généralement utilisée en protection de la peau : la mise en place d’un programme quotidien pour réduire le contact entre le corps et le système d'assise. Lorsqu'un patient change de position, l’interruption (temporaire) du contact apporte une réduction de la pression et un effet rafraîchissant (également temporaires) dans la zone de contact (6).
Quelques exemples de solutions que vous pouvez inclure dans un tel programme quotidien de 24 heures :
- Un réglage de la bascule d’assise et de l'inclinaison du dossier pour répartir la pression.
- Des techniques pour changer de position : par exemple se pencher loin en avant sur une table ou faire des pompes en fauteuil roulant.
- Un transfert temporaire : par exemple s’allonger sur un lit ou se mettre debout pendant un moment (si le patient en est capable physiquement).
- Exercices actifs pour soulager la pression dans les zones à haut risque.
Spécifications du système d’assise et régulation du microclimat cutané
Mettre en place un programme quotidien comme décrit ci-dessus est une chose. Tenir compte des besoins microclimatiques dès le départ, lors de la spécification d’un système d’assise, en est une autre. Avec les spécifications du système d’assise vous pouvez influencer le microclimat positivement. Pour toute spécification ou personnalisation d’un système d’assise et d’un fauteuil roulant, associez le patient aux décisions et aux éventuels compromis. Pour un résultat réfléchi et optimal il faut un patient informé et satisfait.
Pendant l’essai, examinez la conception du système d'assise et les qualités microclimatiques des matériaux utilisés.
Analyse des composants et matériaux du système d’assise
- Y-a-t-il peu d’espace entre le système d’assise et la peau (comme peut être le cas pour certains systèmes qui s’adaptent parfaitement aux contours anatomiques du patient) ? Et qu’en est-il de l’immersion des matériaux utilisés, est-elle importante ? Dans ces cas précis on peut considérer prendre des mesures supplémentaires qui abaissent la température pour ainsi compenser un manque de ventilation.
- Le système d'assise assure-t-il une dissipation thermique adaptée au patient client et au climat ?
- Pour les personnes clients à risque, considérez les solutions avec des capacités de « refroidissement actif » .
Composition de la housse : une ventilation optimale pour les personnes à risque
- Le matériau de la housse assure-t-il une dissipation thermique passive adaptée au patient et au climat ?
- Est-ce-que le matériau évacue suffisamment l'humidité ?
- Quelle est la perméabilité (à l'air) du matériau de la housse ?
Type de dossier
Pour les personnes qui utilisent leur fauteuil roulant pendant de longues heures chaque jour, un dossier fixe ajustable avec de nombreuses options de réglage est une solution à considérer. Un dossier fixe correctement ajusté, de taille adaptée au client, peut servir à réduire la surface de contact pour plus de ventilation. Les dossiers J3 sont ajustables en hauteur et en angle (20 degrés) avec un choix de tailles et options de contour pour un ajustement optimal.
Matériau de la surface d’appui
Examinez le matériau du système d'assise d'une manière analytique. Quelques points d'attention :
- Pour les dossiers JAY et nombre de coussins d’assise JAY il existe des housses microclimatiques en matériau 3D spécialement conçues pour une bonne ventilation.
- Une housse en tissu éponge peut offrir un confort subjectif et absorber l'humidité : une bonne option, mais encore mieux avec une deuxième housse de rechange.
- Il existe des tissus éponge faits de coton et de bambou. Le tissu éponge bambou absorbe plus d'humidité, avec un effet positif plus prononcé sur le microclimat.
- Les perforations des coussins d’assise à base perforée assurent une excellente ventilation, c’est le cas par exemple pour le coussin d’assise JAY Lite.
- La mousse à mémoire de forme absorbe les vibrations et procure souvent un confort subjectif. Mais cette mousse a la propriété de retenir la chaleur : peut-être pas la meilleure option si l'accumulation de chaleur est une préoccupation majeure.
Technologie de refroidissement
Certains systèmes d’assise utilisent une technologie spéciale pour refroidir la peau. C’est le cas du coussin d’assise JAY Balance Cryo Fluid avec technologie Cryo Fluid. Ce coussin d’assise combine les options de confort et de positionnement d'un coussin anti-escarres avec une technologie permettant de refroidir activement la surface de la peau pendant huit heures. Cette thermorégulation active se fait grâce à un insert à fluide cryogénique conçu à cet effet.
Le coussin d’assise JAY Balance Cryo Fluid
La technologie Cryo Fluid aide à protéger la peau par une réduction de la chaleur et de l’humidité : deux facteurs de risque d’escarre. Au total le coussin d’assise JAY Balance à technologie Cryo Fluid adresse quatre composantes de la prévention des escarres : forces de compression, forces de cisaillement, chaleur et humidité et offre le plus haut niveau de protection de la peau sur le marché. L’insert novateur Cryo Fluid assure un refroidissement actif de la surface du coussin d’assise et permet de réduire la chaleur et l'humidité sous les fesses pendant 8 heures.
Ce n'est pas de la magie mais de la physique pure
La magie de la technologie Cryo Fluid n’est autre qu’un fluide cryogénique constitué de millions de microbilles remplies de cire de paraffine. La chaleur de la peau est transférée dans le fluide où les microbilles l’absorbent et la cire de paraffine va fondre. Ce changement d’état de la cire retire de l’énergie de l’environnement et fait baisser la température activement. Le fluide contient aussi des filaments de graphite qui ont la capacité de disperser rapidement la chaleur accumulée dans les tissus cutanés. Cryo Fluid abaisse la température de la peau dans la plage de température thérapeutique sur une durée de 8 heures, jusqu’à la fonte totale des microbilles.
Le coussin d’assise JAY Balance Cryo Fluid réduit la pression et les forces de cisaillement de la même façon que le coussin JAY Balance régulier. Simultanément la technologie Cryo Fluid réduit deux autres facteurs de risque : l'humidité et la chaleur. En conséquence, ce coussin d'assise offre un niveau de protection de la peau maximal.
Conclusions
Est-ce que cela signifie que les utilisateurs de fauteuils roulants n’ont plus à craindre des risques associés à une peau moite de transpiration ? Probablement pas. Dans cet article de blog Education in Motion, nous avons voulu vous sensibiliser à un problème particulier des personnes assises en fauteuil roulant pendant de longues périodes : la formation d’un microclimat cutané potentiellement défavorable à la santé des surfaces de contact avec le système d’assise. Nous avons mis en évidence des stratégies de prévention ainsi que des matériaux et des conceptions de systèmes d’assise pouvant influencer positivement le microclimat. Le microclimat cutané est un facteur à prendre en compte lors de la prescription d'aides à la mobilité, surtout aux personnes avec des besoins d’assise complexes. Ce n'est qu'en collaboration avec le patient que vous pouvez obtenir un résultat réfléchi et satisfaisant pour le client.